Pour peu que nous ravivions notre culture biblique, chacun de nous se rappelle les récits des origines et notamment cette belle histoire – tragique, il est vrai – des deux fils d’Adam et Êve, Caïn et Abel.
Tous deux apportent des offrandes au Seigneur. Il semble à Caïn que le Seigneur préfère les viandes grasses d’Abel aux fruits de la terre qu’il cultive avec grand soin. Jaloux, Caïn tue Abel.
L’auteur du livre de la Genèse met alors dans la bouche de Dieu cette question terrible à l’adresse de Caïn : « Qu’as-tu fait de ton frère ? »
Je ne peux m’empêcher, en l’entendant, de mettre ce texte du début de la Bible en lien avec un autre récit situé, lui, tout à la fin de l’Evangile de Matthieu : le texte dit du « Jugement dernier
».
L’Évangéliste y met en scène un Roi qui, à la fin des temps, sépare les hommes les uns des autres, les uns sont les bénis, les justes et les autres, les maudits.
Le seul critère qui permet de distinguer les uns des autres, c’est bien celui de l’attention au plus petit, au plus faible : « En vérité, je vous le déclare, chaque fois que vous l’avez fait
à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. »
Ainsi donc, pour le Christ et donc pour Dieu, ce qui est bien le plus important, c’est le souci du frère, du prochain, de l’autre, quel qu’il soit, sans distinction de langue, de race, de
culture.
Dans les dimanches qui viennent, nous entendrons des passages de l’Évangéliste Matthieu qui vont dans ce sens : il y sera question de pardon, de bonté, de tolérance, de conversion, de confiance, de justice.
Alors que l’automne frappe à nos portes, alors que les fumées des barbecues estivaux vont laisser la place à celles des foyers domestiques et que se profilent à l’horizon les longues soirées
d’hiver, nous laisserons-nous gagner par le chacun-pour-soi ou, au contraire, laisserons-nous à notre table un peu d’espace à l’étranger ? Trouvera-t-il quand il viendra des mains
tendues pour l’inviter ?
Abbé Daniel Chavée