Pour une Église diocésaine porteuse d’espérance…

En janvier dernier, Mgr. Warin envoyait au Pape François, avec six mois d’avance, sa lettre de démission comme évêque de Namur.  Sans tarder, le Nonce apostolique en Belgique, Mgr Franco Coppola, a reçu de Rome le mandat de commencer ses consultations pour la nomination d’un nouvel évêque pour notre diocèse.  Depuis début février, le Nonce consulte à tout va, très largement au point même d’organiser des rencontres dans tous les doyennés principaux pour recueillir l’avis du plus grand nombre de personnes.  Voilà une démarche nouvelle, qui honore celui qui l’a initiée.  Sans doute le Nonce a-t-il conscience que, cette fois, il n’a pas droit à l’erreur !

Il nous revient qu’à différents endroits, le constat sur l’état du diocèse a été sévère : alors que l’Assemblée diocésaine présidée par Mgr. Mathen, ancien évêque de Namur, avait mobilisé, en 1985, bien des énergies et suscité un réel enthousiasme, l’arrivée de son successeur, en 1991, les a balayées, trop préoccupé qu’était ce dernier à donner écho et gages aux milieux les plus conservateurs de l’Église catholique.

Résultat : le désintérêt croissant – ou pire, l’indifférence – à l’égard de l’Église catholique par des pans de plus en plus larges non seulement de la société civile, mais aussi de chrétiens qui vont chercher ailleurs de quoi nourrir leur vie spirituelle. 

Ces trente dernières années ont vu notre Église diocésaine se préoccuper davantage d’elle-même, de ses structures paroissiales avec leur organisation sacramentelle et catéchétique sous la régence des prêtres et de communautés nouvelles.  Elle a ainsi ignoré toute une vie plus discrète et active essentiellement dans les « parvis » - aux « frontières » comme dirait le Pape François - ou au sein de collectifs de chrétiens qui ne se satisfont plus des pratiques classiques et désireux d’un retour à « une vie ecclésiale plus en cohérence avec la Bonne Nouvelle de l’Évangile ».

Puissent ces constats trouver écho auprès du Nonce apostolique chargé de proposer trois noms au Pape François. 

La démarche initiée le laisse espérer… et puis d’autres éléments le donnent aussi à penser. 

Je soulignerai simplement la nomination récente et très importante, par le Pape François, d’un nouveau Préfet à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.  À 60 ans, l’Argentin Victor Manuel Fernandez, évêque de La Plata, un proche de François, deviendra, le 1er septembre, le nouveau « théologien de référence du Saint-Siège », ce qu’était sous Jean-Paul II le cardinal Ratzinger, futur Benoît XVI. 

Mais, chose tout-à-fait inhabituelle, cette nomination était accompagnée d’une lettre du Pape François lui-même dans laquelle celui-ci explique au nouveau Préfet le sens de sa mission.

« Cette Congrégation est ainsi amenée à travailler plus pour conforter l’enseignement de la foi que d’édicter des condamnations morales », souligne le Pape.  Et il ajoute encore : « Le dicastère pour la Doctrine de la foi a besoin de présenter un Dieu qui aime, qui pardonne et qui libère. »  On est bien loin des pratiques du sinistre « Saint Office », lui-même lointain héritier du non moins sinistre « Tribunal de l’Inquisition » !

Voilà en tout cas un beau programme pour le futur cardinal Fernandez, mais aussi – on se met à rêver ! -, pour un futur évêque de Namur appelé à construire une Église diocésaine qui s’aventurera au large, aux frontières et sera enfin porteuse d’espérance pour le monde d’aujourd’hui.


Abbé Daniel Chavée