Elles sont souvent si ternes les couleurs de novembre, qu’on a gardé, dans le langage courant, l’habitude de parler de « temps de Toussaint » quand le ciel est gris. Mais quel dommage
! Car tant le premier jour de novembre que le dernier dimanche du mois ouvrent la voie à un regard beaucoup plus large et lumineux.
Les textes bibliques qui sont lus le jour de la Toussaint parlent d’emblée de clarté et de bonheur. Il y est question, dans le Livre de l’Apocalypse, de la foule des cent quarante-quatre
mille élus vêtus de blanc. Aux chrétiens persécutés du 1e siècle auxquels il s’adresse, son auteur signifie ainsi que ce n’est pas le sang et la mort qui sont leur destinée mais bien la vie
et la victoire dont la couleur blanche est le signe. L’éclat des chrysanthèmes d’ailleurs, secrètement, le signifie. Car ce sont des « fleurs d’or », comme le signifie l’étymologie
même du mot. Et puis, dans le récit des béatitudes, par huit fois, il est dit que notre vocation n’est pas celle du malheur, mais bien du bonheur : Heureux vous les pauvres …
Heureux vous les doux… Heureux vous qui pouvez pardonner… Heureux vous les artisans de paix… Heureux vous qui êtes affamés de justice…
Au terme, dans les derniers jours de novembre, nous entrerons de plain-pied dans le temps de l’Avent qui guidera nos pas vers la belle fête de Noël. D’emblée, nous entendrons le message du
Prophète Isaïe qui nous parlera de lumière, d’espérance et de Paix : « Venez ! Montons à la montagne du Seigneur, à la montagne du Dieu de Jacob !... Il sera juge entre les nations et
l’arbitre de peuples nombreux.
De leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre… Marchons à la lumière
du Seigneur. »
Un temps de Toussaint ? Oui… mais un temps de lumière et d’espérance qui nous fait poursuivre la route pour nous conduire, au terme de l’Avent, auprès de ce Dieu qui s’est donné
à connaître sous les traits d’un enfant… né dans une mangeoire!
Abbé Daniel Chavée