Le pari de l’Espérance

Alors que la pandémie de Covid 19 a laissé chez nous plus de 25000 morts et que des relents de celle-ci se font encore sentir, alors que depuis fin février la guerre est en Ukraine, aux portes de l’Europe, avec son lot d’horreurs et de cruautés, parler d’Espérance peut paraître sinon déplacé, à tout le moins décalé. 

Sommes-nous réduits à ce constat ou un autre chemin est-il possible ? 

Pour répondre à cette terrible question, plongeons-nous dans l’histoire du christianisme et plus particulièrement dans ces événements dont nous allons célébrer la mémoire tout au long de la semaine qui s’ouvre.

Tout commence par cet accueil triomphal de Jésus à Jérusalem.  La foule exulte, reconnaissant en Jésus celui qui, par sa prédication et son action, inaugure un monde nouveau, marqué du sceau de la justice, de la paix et de l’amour.  A peine trois jours plus tard, nous sommes plongés en plein drame : dernier repas avec les disciples, arrestation, jugement sommaire, cri de la foule – la même, excitée par les chefs des prêtres et les pharisiens – qui, cette fois, hurle : « A mort ! A mort » et enfin le supplice le plus infâme qui soit à l’époque, celui de la Croix et la mort qui s’ensuit.    Cette fois, c’en est fini, semble-t-il : « Nous avions tant espéré », disent les deux disciples, le soir de Pâques, sur la route qui les mène de Jérusalem à Emmaüs.  

C’était, bien sûr, sans compter sur ce cri qui transperce la nuit : « Il est ressuscité…  Ne le cherchez pas parmi les morts… Il est vivant… ».   Au-delà de la matérialité des faits, la résurrection du Christ est là comme un pied de nez à la mort, un défi aux forces du mal et à la violence sous quelque forme qu’elle soit.  Pendant tout le temps de carême que nous venons de vivre, nous avons pu nous rendre attentifs aux cris d’hommes et de femmes victimes, aujourd’hui encore, de l’injustice, de l’indifférence ou, pire, de la guerre : à travers la campagne d’Entraide et Fraternité, nous avons été sensibilisés à l’exploitation et à la pauvreté des paysans de Madagascar, nous avons prié pour le peuple ukrainien martyr et pour le peuple russe maintenu dans l’ignorance des exactions menées par ses dirigeants.  

Pendant la traversée du carême, nous avons vécu ensemble une démarche afin de ne pas rester sourds aux appels des plus petits, des plus pauvres, des laissés-pour-compte et ainsi prendre conscience que notre vocation de chrétiens est bien de leur être proches et d’en être solidaires.  Du coup, notre cœur et notre esprit sont prêts pour incarner Pâques chaque jour, comme un signe de renouveau pour notre communauté locale, pour notre Eglise et pour le monde.

C’est là un signe d’Espérance qui reste à jamais… un pari sur l’avenir.

 

Abbé Daniel Chavée