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Voyages à hauts risques…

Un voyage du Pape hors du Vatican n’est jamais anodin et comporte toujours de réels risques. 

On pense, bien sûr, aux risques d’attentats potentiellement toujours présents, mais là n’est pas le risque majeur : les services de sécurité du Vatican et ceux des états visités sont bien rôdés pour les contrer, même si le risque zéro n’existe pas ! 

Mais il est un autre risque – pire celui-là ! – , celui de la récupération des faits et gestes du Pape par les autorités locales.  Et là, le risque est loin d’être nul !

Bien sûr, le Pape ne peut en rien intervenir dans l’organisation et les options politiques des états visités, d’autant plus si les dirigeants sont démocratiquement élus, mais pour certains la tentation est grande, au mieux, de profiter de la visite du Souverain Pontife pour « se montrer » et, au pire, d’utiliser gestes et paroles de celui-ci pour cautionner leur politique quelle qu’elle soit, surtout quand ces options politiques sont les plus méprisables, voire même contraires aux valeurs chrétiennes.  Ce danger était particulièrement présent lors du récent voyage du Pape en Hongrie, à l’occasion de la clôture du 52ème Congrès eucharistique international qui s’est tenu à Budapest en ce début du mois de septembre.

Tout le monde est bien au courant de la politique d’extrême-droite menée par le premier ministre hongrois, Viktor Orban, une politique nationaliste, de repli sur soi, fortement identitaire, avec une politique migratoire marquée du sceau de l’exclusion…  aux antipodes de la foi chrétienne, dans une nation pourtant de tradition chrétienne ! 

Et, comme l’écrit le dominicain français Adrien Candiard, « rien n’est moins chrétien que de serrer sans fin dans ses bras le cadavre de la vieille chrétienté : il faut maintenant regarder le monde en face ». 

Le week-end dernier en Hongrie, sur les terres de Viktor Orban, François s’est abstenu de discours politiques. 

Il a préféré se situer sur le terrain spirituel et a offert, ce faisant, la meilleure réponse qui soit. « Le sentiment religieux, a-t-il souligné, est la sève de cette nation si attachée à ses racines.  Mais la croix, plantée en terre, en plus de nous inviter à bien nous enraciner, élève et étend ses bras vers tous : elle exhorte à garder solides les racines, mais sans cloisonnement ; à puiser aux sources, en nous ouvrant aux assoiffés de notre temps. »  

Celui qui a des oreilles, qu’il entende !                                      

 

Abbé Daniel Chavée