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Tous frères !

Ce mois d’octobre 2020 fera date dans l’histoire du pontificat du pape François ! Le samedi 3 octobre, veille de la fête de Saint François, le pape a signé, près du tombeau du pauvre d’Assise, la troisième encyclique de son pontificat.  Intitulée Fratelli Tutti, elle constitue une longue exhortation à la fraternité universelle et à l’amitié sociale. Cette nouvelle encyclique du pape François s’ouvre sur une sorte de bilan particulièrement peu réjouissant de l’état actuel du monde : selon le pape, le monde actuel connaît une période de repli sur soi et de xénophobie, dont les pauvres sont les premières victimes.  Partant de ce sombre constat, l’évêque de Rome lance sept grands appels.  

Le premier de ceux-ci concerne ni plus ni moins une réforme de l’Organisation des Nations Unies.  Pour lui, il faut travailler à l’élaboration d’une structure qui éviterait d’une part que l’autorité « ne soit cooptée par quelques pays » et qui, d’autre part, serait en capacité « d’empêcher des impositions culturelles ou la violation des libertés fondamentales des nations les plus faibles à cause de différences idéologiques ». Deuxième point fort : le pape plaide pour l’interdiction universelle de la peine de mort, qu’il dit être « inadmissible » au regard de « l’inaliénable dignité de tout être humain ». L’accueil des migrants constitue le troisième appel.  Fustigeant ceux qui considèrent et traitent les migrants comme des personnes ayant « moins de valeur, moins d’importance, dotées de moins d’humanité », François juge « inacceptable que les chrétiens partagent cette mentalité et ces attitudes, faisant parfois prévaloir certaines préférences politiques sur les convictions profondes de leur foi ».

Le pape plaide aussi pour la fin de toutes formes d’esclavage et demande de s’attaquer à la racine du problème qu’il définit comme « cette conception de la personne humaine qui admet la possibilité de la traiter comme un objet ».  Au chapitre 7, François réaffirme sa volonté de voir abolir totalement les armes nucléaires.  Pour le pape, les fonds destinés aux armes nucléaires pourraient contribuer à « éradiquer une bonne fois pour toutes la faim » et aider au « développement des pays les plus pauvres ».  Dans les dernières pages de l’encyclique, François appelle à des religions non-violentes en mettant en évidence la vocation de tous les croyants : « l’adoration de Dieu et l’amour du prochain ». Enfin, le successeur de Pierre appelle à l’unité de l’Eglise déplorant que « la contribution prophétique et spirituelle de l’unité entre tous les chrétiens manque encore au processus de globalisation ».

Ainsi donc, au moment où le monde est profondément en crise, le pape rappelle avec force l’importance et l’urgence de la fraternité : c’est, selon lui, le seul moyen de neutraliser les conflits et les actions destructrices afin de construire pour tous un avenir de paix.


Abbé Daniel Chavée