Du 7 au 28 octobre se tiendra à Rome un important Synode sur l’Amazonie. Depuis le 17 juin, nous connaissons le document de travail qui guidera les travaux des Pères
synodaux. Et ce que l’on peut dire, c’est que ce Synode risque de faire date dans l’Histoire de l’Eglise.
D’emblée, le document préparatoire part du constat que l’évangélisation de l’Amérique latine a constitué un « don de la Providence ». En effet, en dépit de l’avidité de certains
colonisateurs, l’élan missionnaire a favorisé la formation de communautés chrétiennes. Toutefois, une « connivence » entre l’annonce de l’Evangile et les puissances opprimantes a
souvent existé et « obscurci » la Bonne Nouvelle. Avec ce synode, l’Eglise a l’opportunité historique de se différencier clairement des nouvelles puissances colonisatrices et
d’ouvrir de nouveaux chemins pour présenter le Christ.
Pour y arriver, l’Eglise se doit d’abandonner une mentalité coloniale et patriarcale. Cela exige un processus de « conversion et réconciliation » en dépassant les « positions
rigides ». Le document préparatoire propose donc de passer d’une « pastorale de la visite » à une « pastorale de la présence ». Il demande, dans ce contexte,
que soit étudiée « la possibilité d’ordination d’anciens, de préférence indigènes, respectés et acceptés par leur communauté, même s’ils ont déjà une famille constituée et stable
». Il est aussi demandé d’étudier le type de ministère officiel qui pourrait être confié aux femmes, en particulier dans le domaine de la formation.
La seconde partie du document de travail dresse la liste des graves problèmes causés par les attentats contre la vie sur le territoire de l’Amazonie. La situation actuelle appelle de toute
urgence une « conversion écologique complète ». Face à la déforestation et au pillage du territoire amazonien organisés par différents acteurs guidés par un modèle économique basé
sur la consommation et la maximisation du profit, le document préparatoire prône « une écologie intégrale » qui mette en relation les êtres humains, la Création et Dieu. A cette fin,
l’Eglise entend assumer sa mission en proposant des lignes d’actions institutionnelles, en concevant des programmes de formation pour ses agents pastoraux et ses fidèles mais également en
dénonçant la violation des droits de l’homme et la destruction par extraction.
Le programme de ce Synode est ambitieux et novateur. La preuve en est qu’il suscite des réactions fortes notamment de la frange la plus conservatrice de l’Eglise, menée par certains
cardinaux – très minoritaires, heureusement ! – qui demandent ni plus ni moins la démission du Pape François, agitant en plus la menace d’un schisme au sein de l’Eglise. Affaire à suivre
donc ! En espérant que l’Esprit qui a toujours mené l’Eglise sur des chemins nouveaux et inattendus inspire ce Synode et l’Eglise tout entière, tout comme nous le prions pour qu’il souffle
sur notre communauté paroissiale et sur les jeunes qui, le 20 octobre prochain, recevront chez nous le sacrement de confirmation, le sacrement de la mission !
Abbé Daniel Chavée