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Intrigues et Sainteté

Il y a quelques jours, les chaînes de télévision donnaient écho à un appel de l’ancien nonce apostolique aux Etats-Unis, Mgr Vigano, réclamant, ni plus ni moins, la démission du pape François.  S’appuyant sur l’aile la plus traditionnaliste et conservatrice de l’Eglise, ce « monseigneur » n’hésitait pas à discréditer le pape François en exploitant honteusement la grave « affaire des abus sexuels au sein de l’Eglise américaine ».  Aux yeux des observateurs les plus avertis, il est apparu bien vite que cette manœuvre était guidée par bien d’autres motifs et plus précisément, pour faire bref, contre les orientations nouvelles que le pape actuel veut donner à cette Eglise discréditée par plusieurs scandales et, sur bien des sujets, en décalage avec la société actuelle.  Face à ce réformisme voulu par François, quelques cardinaux chagrins, frustrés à tout le moins ou, pire, avides de pouvoir rêvent de revenir à une Eglise puissante, prétendant détenir seule la vérité, nostalgique de fastes liturgiques d’antan, … Et, pour atteindre leur but, ces mêmes prélats semblent prêts à tout, y compris arranger la vérité historique…  On est bien loin de l’Evangile ; ces éminences feraient bien d’en méditer quelques passages dont celui-ci : « Malheur à l’homme par qui le scandale arrive ! » (Mt. 18, 7).

Toutes ces intrigues, bien loin des valeurs évangéliques, doivent être dénoncées.  Elles ne doivent toutefois pas nous écarter de l’essentiel : le message de l’Evangile, l’appel à la sainteté.  A l’approche du 1er novembre, fête de la Toussaint, qui ne se réjouira pas de voir proposés comme modèles de sainteté le Pape Paul VI et Monseigneur Oscar Romero, béatifiés tous deux le 14 octobre dernier sur le parvis de la Basilique Saint Pierre de Rome.  Le Pape Paul VI est celui qui a eu le courage, malgré de réelles résistances au sein de la Curie romaine, de poursuivre le Concile Vatican II qui devait ouvrir l’Eglise au monde moderne.  Il est aussi celui qui a engagé l’Eglise sur la voie du développement des peuples et a crié à la tribune de l’ONU, en 1968, son fameux « Plus jamais la guerre, plus jamais ! ».  En ce qui concerne Don Oscar Romero, de conservateur qu’il était, accédant à l’épiscopat, il se convertit en quelque sorte et prend fait et cause pour son peuple dans la misère ; il n’aura de cesse d’être la voix des sans-voix, au péril de sa vie puisqu’en 1980, il sera assassiné par les tristement célèbres escadrons de la mort aux ordres du régime en place.  Voilà deux beaux témoins qui ont fait pleinement leurs les béatitudes que nous réentendrons le jour de la Toussaint indiquant ainsi à tout chrétien le véritable chemin vers la sainteté.


Abbé Daniel Chavée